Camille Kouassi évolue dans un entre-deux, à la croisée de l’introspection et de l’ouverture au monde. Si la photographie demeure son médium principal, elle se tourne également vers la performance et l’installation pour sonder davantage ce qui échappe au réel.

L’artiste inscrit son travail dans une gestuelle instinctive où chaque matière devient un fragment porteur de sens. Ses matériaux – végétaux, grillage, papier et terre – sont porteurs d’histoires silencieuses. L’artiste les assemble, les déconstruit pour faire émerger une forme de vulnérabilité assumée.

Elle recherche l’accident, le froissement, la blessure — non comme des altérations, mais bien comme les fondements d’un langage plastique en constante évolution. Entre effacement et révélation, Camille Kouassi explore la tension entre instinct de protection et désir de mise à nu. Les formes mouvantes deviennent des extensions de corps : des objets à habiter, transformant l’identité en un territoire à modeler. Elle s’engage physiquement dans ses jeux de métamorphose, sous des strates de textures et motifs récurrents — mains, sexes, et fleurs.

Son processus repose sur des élans intuitifs, ancrés dans une longue temporalité. Chaque œuvre devient un espace de transformation, où irrégularités et contrastes ouvrent de nouvelles perspectives de présence.

Le masque, récurrent dans son travail, est envisagé comme une membrane poreuse entre soi et le monde. Bien plus qu’un simple accessoire de dissimulation, il devient un champ d’expérimentation où se superposent les récits. À travers lui, elle questionne l’ambiguïté des apparences et la frontière entre l’intime et le social.

Son travail oscille entre silence et éclats, jouant sur les tensions et les nondits, tel un cri contenu dans des formes muettes, une onde de choc qui résonne au-delà du visible. À travers cette approche, Camille Kouassi cherche à donner forme aux états intermédiaires, à capturer des espaces de transition où se joue l’invisible.

Texte : Lorry Besana